L'inventaire du patrimoine kanak dispersé est un projet de la Nouvelle-Calédonie qui remonte aux années 1980. Il a été débuté par Roger Boulay, alors chargé de mission à la direction des musées de France et spécialiste des collections kanak à la demande initiale de Jean-Marie Tjibaou.
Ce travail a abouti à la présentation de l'exposition « De jade et de nacre » en 1990 au musée de Nouvelle-Calédonie puis, à Paris, au musée national des arts africains et océaniens. Ce premier travail a intégré l'annuaire des collections publiques françaises d'objets océaniens disponible aujourd'hui sur le site du ministère de la Culture. En parallèle, Emmanuel Kasarhérou, conservateur du musée de Nouvelle-Calédonie à cette époque, a complété ce premier inventaire au gré de ses missions à l'étranger.
Le second temps de l'IPKD se situe après la signature de l'accord de Nouméa en 1998 et de l'accord particulier entre l'État et la Nouvelle-Calédonie sur le développement culturel de la Nouvelle-Calédonie, en 2002. Il était question alors de :
- réaliser un inventaire complet, notamment photographique, des œuvres du patrimoine kanak détenues dans les musées métropolitains et étrangers,
- favoriser le retour des œuvres du patrimoine kanak appartenant à l'État sous la forme juridique de prêts de longue durée renouvelables en liaison avec la Direction des Musées de France.
Ce projet n'a pu être mis en œuvre de manière soutenue qu'en juillet 2011 sur la base d'une convention passée entre le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la Maison de la Nouvelle-Calédonie, à Paris. L'objectif révisé du programme est alors de réaliser un « inventaire raisonné » priorisant les objets les plus intéressants, en fonction de leur provenance, leur histoire, les circonstances de leur collecte, leur valeur esthétique ou leur état de conservation. En effet, un grand nombre de ces objets présentent un intérêt limité, soit en raison de leur surreprésentation dans les collections (les armes notamment: les sagaies comme les massues), soit de leur mauvais état de conservation.
Emmanuel Kasarhérou, alors détaché au musée du quai Branly - Jacques Chirac est missionné par la Nouvelle-Calédonie pour la planification et la coordination de ce chantier. Avec lui, Roger Boulay, ethnologue et commissaire de nombreuses expositions, Etienne Bertrand, historien de l'art et Renée Binosi, secrétaire mise à disposition par la Maison de la Nouvelle-Calédonie ont travaillé de manière régulière sur ce projet jusqu'en juillet 2015.
Des stagiaires calédoniens, notamment du musée de Nouvelle-Calédonie, de l'Agence de développement de la culture kanak et de la direction de la culture de la province Nord ont également pu être formés aux méthodes et techniques d'inventaire du patrimoine dans ce programme.
Ce travail a permis la réalisation de l'exposition « Kanak, l'Art est une Parole », qui s'est tenue d'octobre 2013 à janvier 2014 au musée du quai Branly-Jacques Chirac. Cette présentation rassemblait 350 objets et documents provenant de 30 musées. Une version adaptée de l'exposition conçue en partenariat avec le musée de Nouvelle-Calédonie et l'agence de développement de la culture kanak a ensuite été présentée à Nouméa, au centre culturel Tjibaou, en 2014.
À l'issue, la base de données constituée en 2011, a également été restituée à la Nouvelle-Calédonie en 2015. Hébergée et gérée par le musée de Nouvelle-Calédonie, elle était jusqu'ici uniquement accessible aux chercheurs.
Aujourd'hui, 17000 objets kanak sont recensés dans 110 musées hors Nouvelle-Calédonie. L'inventaire du patrimoine kanak dispersé se poursuit afin d'enrichir la base de données. Le retour d'objets en Nouvelle-Calédonie sous forme de dépôts ou de prêts se fera prochainement pour l'ouverture du nouveau musée de la Nouvelle-Calédonie.
Emmanuel Kasarhérou
au Musée d'Histoire Naturelle de Nîmes en 2012
Roger Boulay
au Muséum d'Histoire Naturelle de La Rochelle en 2014
Emmanuelle Eriale (stagiaire), Renée Binosi (secrétaire) et Etienne Bertrand (Historien de l'art) aux bureaux de l'IPKD situés à la la Maison de Nouvelle-Calédonie à Paris, en 2012
Roger Boulay et Romaric Néa (stagiaire) au Musée des Beaux-Arts d'Angoulême en 2012
Roger Boulay et Marianne Tissandier (Stagiaire) au Musée des Beaux-Arts de Rennes en 2014