Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse
À Toulouse, dès la fin du XVIIIe siècle, Philippe Picot de Lapeyrouse (naturaliste et politicien, 1744-1818) défend, avec d’autres naturalistes, l’idée de la création d’un établissement consacré à l’enseignement des sciences naturelles. Les collections de cabinets scientifiques passent progressivement de la sphère privée à la sphère publique et après des décennies de mobilisation, le muséum voit le jour en 1865.
Les collections culturelles extra-européennes du muséum de Toulouse comptent actuellement 6 000 numéros inscrits à l’inventaire. Elles proviennent de quatre zones géographiques principales : Océanie, Afrique, Amérique et Asie. Les collections culturelles d’Océanie représentent le fonds le plus important aussi bien en nombre, avec 1 300 numéros, qu’en valeur patrimoniale et historique. La constitution de ce fonds est, dans un premier temps, fortement liée aux missions de circumnavigation du début du XIXe siècle, avec les dons consentis par Gaston de Roquemaurel en 1841 et 1854 à la Ville de Toulouse, à l’histoire des politiques d’expansion coloniale de la France, puis aux activités des réseaux scientifiques locaux. Les donateurs sont le plus souvent des notables, des scientifiques ou des amateurs éclairés, membres de sociétés savantes locales. On compte parmi eux beaucoup d’administrateurs coloniaux ou de militaires.
A ce jour, 730 spécimens naturalistes et 500 objets provenant de Nouvelle-Calédonie sont recensés. Le fonds s’accroît considérablement sous les directions de Jean-Baptiste Noulet et Eugène Trutat qui mènent une politique d’achat très soutenue de 1872 à 1900, notamment par l’intermédiaire des frères Alexis et Théophile Savès, marchands toulousains et neveux du botaniste Benjamin Balansa qui explora la Nouvelle-Calédonie et les îles Loyautés de 1868 à 1872. Encouragés par leur oncle, ils partirent chacun à leur tour en Nouvelle-Calédonie. Ils proposèrent ainsi, dans leur commerce de curiosités, à Toulouse, des objets et naturalia de toutes sortes. Dans leurs catalogues de vente on reconnaît une hache de parade (ETH.AC.NC 170) ou encore une massue (ETH.AC.NC 6) et une applique d’entrée de maison (ETH.AC.50). Durant la révolte des Kanak en 1878, les Savès participèrent au pillage d’objets les plus prestigieux et vendirent au muséum des pièces « rares » à forte valeur historique, comme la hache dite « du chef Ataï » (ETH.AC.NC.169). Une importante collection d’outillage lithique est donnée à la fin du XIXème siècle par Édouard Lartet (1801-1871) et son fils Louis (1840-1899), préhistoriens. En 1917, la collection de Pierre Joulin, de plus de deux cents objets, est offerte par sa veuve, comprenant notamment des pièces lithiques, des armes, quelques objets de prestige (coiffe tidi [Laroche, 1953], ETH.AC.NC 181) ou encore une sculpture faîtière (ETH.AC.NC 264), ainsi qu’un masque collectés entre 1877 et 1888. Pierre Joulin occupait un poste en rapport avec la présence française dans cette nouvelle colonie pénitentiaire. En 2008, Juliette Durand fait don de la collection de son mari, le médecin Charles Durand qui parcourut quelques archipels du Pacifique dans les années 1920. La collection réunit 20 objets collectés dans le premier quart du XXe siècle. Ce sont essentiellement des armes, des masques, des parures, des bambous gravés et quelques objets du quotidien.
La collection néo-calédonienne du muséum a été étudiée et certaines de ces pièces publiées par Fritz Sarasin en 1929, Marie-Charlotte Laroche en 1953, et enfin Roger Boulay et Emmanuel Kasarherou en 2012.